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Statistiques et Analyses - Industrie automobile européenne - Strategia CE
30 juin 2017

GM & S

L’équipementier  GM&S en liquidation judiciaire, avec poursuite de l’activité jusqu’au  21 juillet

La décision du  tribunal de commerce de Poitiers permet la reprise de 120 salariés par le groupe  GMD.

LE  MONDE |    30.06.2017  à 11h00• Mis à jour le30.06.2017  à 12h37    |

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/entreprises/article/2017/06/30/l-equipementier-gm-s-en-liquidation-judiciaire-avec-poursuite-de-l-activite-jusqu-au-21-juillet_5153565_1656994.html#DEtfFIaeGBC3QwUu.99

GM&S est – à moitié – sauvé. Vendredi 30 juin,  le tribunal de commerce de Poitiers a certes mis fin au redressement judiciaire  et liquidé cette PME en grande difficulté devenue le premier dossier social  chaud de la présidence Macron. Mais les juges ont assorti la liquidation d’une  poursuite d’activité pendant trois semaines. Si bien que le travail  va pouvoir continuer – ou plus exactement redémarrer, l’activité étant à l’arrêt total depuis le 13  juin.Dans l’immédiat, les salaires des 277 salariés de ce fabricant de carters  et autres pièces automobiles vont être pris en charge par l’Association pour la gestion du  régime de garantie des créances des salariés (AGS), l’organisme qui intervient  en pareil cas. Puis le petit groupe GMD, seul candidat déclaré à la reprise,  pourra reprendre les 120 salariés qu’il a accepté de récupérer. Les autres seront au chômage.

Un projet remis in extremis

Il s’en est fallu de très peu. Quelques heures de plus, et GM&S était  voué à une liquidation immédiate, qui aurait constitué le premier gros échec du  nouveau président de la république. Mais à 19 h 30, jeudi 29 juin, Alain  Martineau, le président et actionnaire de GMD, a fini par déposer au tribunal de commerce de Poitiers une offre ferme  en bonne et due forme pour reprendre une partie de l’entreprise de La  Souterraine, un gros bourg de la Creuse.

Sans cette offre, attendue depuis des semaines, les juges n’auraient pu, le  lendemain matin, que constater la mort de GM&S, le deuxième employeur du  département. Tous les salariés auraient été licenciés sous 30 jours. Le projet  de reprise remis in extremis a permis d’éviter le pire.

« Même si on ne  s’attendait pas à des miracles, 120 salariés repris seulement, ça fait mal au  bide », commentait jeudi soir le secrétaire CGT  du comité d’entreprise, Yann Augras, interrogé par l’AFP.

Demi-échec, demi-succès. Pour Emmanuel Macron, l’affaire se dénoue  provisoirement sans réussite, mais sans drame absolu. Certes, plus de la moitié  du personnel va se retrouver sans travail, dans une région très peu  industrialisée. « Même si on ne s’attendait pas à des miracles, 120 salariés  repris seulement, ça fait mal au bide », commentait jeudi soir le  secrétaire CGT du  comité d’entreprise, Yann Augras, interrogé par l’AFP.

« 150 personnes dehors, c’est énorme »

Dans l’usine de GM&S à La Souterraine, l’ambiance était lourde, vendredi,  après l’annonce du tribunal de commerce de Poitiers. Beaucoup de salariés  savaient déjà qu’ils ne feraient pas partie des personnels que compte reprendre  la société GMD. Ceux des bureaux « seront les premiers à sauter,  dit l’un d’entre eux. C’est un crève-cœur de se dire que tout ça, c’est  fini. » Pour Michel de la maintenance, l’amertume est grande,  l’avenir flou : « J’ai écouté ce matin le gars du cabinet de  Macron qui disait que ce dont on a le plus besoin, c’est des formations. Le  problème, c’est qu’en Creuse le bassin d’emplois est nul. Cent cinquante  personnes dehors, c’est énorme. » Pour lui, malgré les  promesses du nouveau président, « Macron a fait allégeance aux  constructeurs » automobiles.

Même pour ceux qui espèrent encore pouvoir faire partie des 120 à conserver  un poste à La Souterraine, il faudra « s’asseoir sur l’ancienneté,  accepter un salaire ras-les-pâquerettes », constatent les employés. Le  délai accordé vendredi par le tribunal pourra « peut-être permettre  d’essayer de grappiller quelques postes en plus », veut encore croire  Romain, qui travaille chez GM&S depuis « seulement » sept  ans.

Une mobilisation politique hors norme

Cependant, le site est provisoirement sauvé. Il ne devrait plus être question  dans l’immédiat de mettre le feu à l’usine, comme les ouvriers en agitaient la  menace depuis plusieurs semaines. « Des investissements vont permettre de moderniser l’appareil productif, ce qui était indispensable  à la pérennité du site », a promis vendredi matin sur RTL Benjamin  Griveaux, le nouveau secrétaire d’Etat qui, à Bercy, s’est occupé de ce dossier  dans les tout derniers jours.

        Lire  aussi :                             Une industrie dans la Creuse   

Pour ce premier dossier social, jugé par le gouvernement « emblématique  des difficultés de certains territoires périphériques », M. Macron a pris  des mesures totalement exceptionnelles. Une cellule de crise a été constituée à  Bercy. Plus de 50 repreneurs possibles ont été contactés – en vain – par les  pouvoirs publics. Le gouvernement a aussi mené directement les négociations avec  les constructeurs  Renault et PSA, les deux grands clients de l’usine.

La mobilisation politique hors norme a  permis à M. Martineau, seul candidat final à la reprise, d’obtenir beaucoup plus  que ce qu’il pouvait imaginer au départ. « Il va sans doute faire une bonne affaire », estime Me Jean-Louis Borie, l’avocat des salariés de GM & S.

        Lire aussi :                             Dans la Creuse, les salariés de GM&S en appellent, avec  Mélenchon, à Emmanuel Macron   

« Un accompagnement exemplaire »

La dépollution de la parcelle du site qui le nécessite ? Elle ne sera pas à  la charge de GMD. La location des bâtiments ? Les collectivités locales ont  accepté d’acheter les lieux et de demander un loyer plus raisonnable que celui en vigueur  actuellement. Le carnet de commandes ? Les pouvoirs publics ont fait pression  sur les constructeurs, dont l’Etat est justement actionnaire minoritaire. Alors  qu’ils avaient fortement diminué leurs achats au cours des dernières années, et  trouvé d’autres fournisseurs, PSA et Renault ont fait un geste. PSA s’est engagé  sur 12 millions d’euros de chiffre d’affaires par an, et Renault sur 10 millions  d’euros.

Ces derniers jours, le point le plus épineux des tractations a porté sur le  financement de l’activité et des investissements. Là non plus, le candidat à la  reprise ne voulait pas être seul à mettre au pot. GMD devrait finalement apporter 5 millions d’euros, soit un quart des besoins, a  précisé M. Griveaux. Les trois autres quarts proviendront, en principe à parts  égales, de PSA, Renault et de l’Etat.

Le gouvernement a en outre promis un « accompagnement social exemplaire »,notamment en matière de formation, pour les salariés,  souvent âgés, qui resteront sur le carreau.

Quant au personnel, la menace d’une fermeture l’a aussi incité à se montrer coopératif. Lundi 26 juin, l’assemblée générale a  donné mandat aux délégués pour discuter avec GMD, même s’il ne reprenait que 120 postes, là  où les salariés attendaient le double. Le personnel espérait que cette bonne  volonté serait récompensée et que les salariés licenciés pourraient partir avec davantage d’argent que le minimum légal. Mais  sur ce point, ni GMD ni les constructeurs n’ont accepté de mettre la main à la  poche.

Le retour de l’Etat-brancardier ?

Cette conclusion provisoire de l’affaire GM & S laisse deux questions  ouvertes. La première est celle de l’avenir de l’usine. Ramené à 120 personnes  et intégré dans un groupe industriel plus large, ce site peut-il redevenir enfin rentable, ou « La Sout’» est-elle vouée à connaître une nouvelle crise dans quelques mois ou quelques  années ? Tout dépendra de la stratégie du repreneur, peu disert à ce stade, et  surtout de la volonté des constructeurs, les vrais décisionnaires. Seule  certitude : à la prochaine crise de la filière, l’usine creusoise sera l’une des  premières menacées.

        Lire  aussi :                             GM & S, un premier dossier social explosif   

La seconde interrogation porte sur la politique industrielle de M. Macron. En  raison de la période électorale, l’Etat a mis en œuvre ici des moyens rarement  vus pour une PME vieillissante dans un secteur non-stratégique. Cette affaire  annonce-t-elle un retour de l’Etat-brancardier, concentrant ses efforts sur les sociétés  mal en point, au détriment des entreprises plus prometteuses ? « Le gouvernement a choisi pour GM & S une approche traditionnelle, relève Me Bertrand Biette, avocat chez Fidal et spécialiste des  restructurations. Une solution plus innovante aurait consisté à construire un projet de nouvelle activité, en s’appuyant sur  le savoir-faire du personnel. »

Le nouveau gouvernement aura vite l’occasion de préciser sa doctrine. En un an, depuis mai 2016, le nombre  de liquidations et de redressements judiciaires a certes baissé de 9 %, grâce à  la reprise économique qui se confirme de mois en mois. Le nombre total de  défaillances reste toutefois élevé : 55 835 sociétés ont été touchées en un an  et plus de 70 % des dossiers aboutissent à la disparition définitive des  entreprises. En outre, le nombre d’emplois menacés a, lui, augmenté dans le même  temps de 5 %, selon la société Ellisphère. Une fois le cas GM & S réglé,  d’autres comme Necotrans (logistique) ou Isochem (chimie) vont très vite arriver  sur les bureaux ministériels.

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/entreprises/article/2017/06/30/l-equipementier-gm-s-en-liquidation-judiciaire-avec-poursuite-de-l-activite-jusqu-au-21-juillet_5153565_1656994.html#DEtfFIaeGBC3QwUu.99

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